jeudi 1 novembre 2007

Arche de Zoé : l'image de l'adoption mise à mal...

«Pas bon pour l’image de la France…», souffle un fonctionnaire spécialiste de l’adoption. L’affaire de l’Arche de Zoé rejaillit en effet sur le monde de l’adoption. Hier, à l’Assemblée nationale, François Fillon a défendu les ONG au Tchad et au Darfour «qui essuient à présent la suspicion, les caillassages et les violences», insistant sur la «différence entre celles qui ont mal agi et celles qui agissent pour le bien des enfants…» Peut-être devra-t-il repartir au combat pour défendre l’adoption française. Les parents ou futurs parents s’inquiètent. «On est très ennuyés, confie Hélène Mahéo, du Mouvement pour l’adoption sans Frontières. D’abord, il faut dissocier l’adoption et l’humanitaire, et là, il y a confusion. Ensuite, cette affaire donne l’image de parents prêts à tout pour satisfaire leur désir d’enfant. C’est une initiative isolée mais on craint l’amalgame

Concurrentiel. A la tête de l’Agence française de l’adoption (AFA), créée en mai 2006, Laure de Choiseul regrette les dommages collatéraux de la «mission» ratée de l’arche de Zoé : «Ceux qui sortent des clous prennent des risques considérables : pour la sécurité des enfants, les familles abusées… Cela déstabilise les relations internationales, et jette le discrédit sur l’adoption par des Français».

«Cette affaire peut causer du tort à l’adoption internationale par des familles françaises, pense également Janice Peyré, présidente d’Enfance et familles d’adoption, qui regroupe plus de 10 000 familles. Elle précise: «Parce que les autorités françaises n’ont pas su intervenir assez rapidement, ni assez fermement, parce qu’en France le paysage de l’adoption n’est pas assez clair et lisible.»

Ce genre de fiasco tombe vraiment mal à l’heure où se développe un marché concurrentiel de l’adoption à l’étranger, où la France perd du terrain, souvent au profit de ses voisins européens comme l’Espagne ou L’Italie.

En 2006, le nombre d’enfants adoptés à l’étranger par des Français a passé sous la barre des 4 000 (près de 160 de moins qu’en 2005). En France, environ 30 000 foyers bénéficiant d’un agrément espèrent adopter.

Promesse. L’arche de Zoé s’est adressée à ces candidats dont l’attente a été exacerbée par les annonces politiques. En janvier 2004, Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, avait lancé une réforme qui a entraîné la création de l’AFA (aujourd’hui 900 000 connexions sur le site, 55 000 appels traités et 5 339 dossiers déposés). Dans l’euphorie, il avait également annoncé le doublement du nombre d’enfants à adopter. Une promesse maladroite et impossible à tenir. «Certaines familles, dans la désillusion, ont eu le sentiment d’avoir été trahies. Isolées, elles ont pu s’engager avec l’Arche de Zoé, explique Janice Peyré. Il y a des règles à respecter car chaque jour des personnes croient qu’il suffit de se déclarer parent et que des enfants déshérités n’attendent qu’eux

«L’arche de Zoé est partie sur un coup de cœur, reconnaît Sylvie, une célibataire en cours de procédure. D’autres travaillent sérieusement depuis dix, vingt ans, de façon très propre. Malheureusement, certains feront l’amalgame…» Sylvie attend un enfant du Brésil depuis quatre ans. Elle avait été tentée par l’opération de l’Arche de Zoé, mais s’était ravisée.

Source : http://www.liberation.fr/

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