vendredi 5 octobre 2007

Jean-Marie Colombani, chargé d'une mission sur l'adoption

Le journaliste Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde, est chargé par Nicolas Sarkozy et François Fillon d'une mission sur l'adoption.

Interview.

Nicolas Sarkozy vient de vous confier une mission sur l’adoption. Pourquoi maintenant?
Parce que le constat de l’urgence est déjà dressé: les familles françaises qui cherchent à adopter rencontrent d’immenses difficultés. En 2005, une loi a fait naître l’Agence française de l’adoption, opérationnelle depuis mai 2006. Malgré cela, les lignes n’ont pas bougé. Pendant la campagne présidentielle, de nombreuses associations ont interpellé les candidats sur ce problème, la mission en est la suite logique.

Et quel est ce constat?
Le drame français, c’est que de plus en plus de parents sont autorisés à accueillir un enfant, mais que les adoptions effectives stagnent. Même si l’on manque d’outils statistiques, on estime qu’entre 25.000 et 30.000 autorisations sont délivrées à des familles chaque année, alors que les adoptions effectives culminent douloureusement à 4.000 enfants par an. Le gouvernement Raffarin avait tablé sur un doublement des adoptions en trois ans, mais les résultats ne sont pas là.

Le temps d’attente des familles est très long, parfois de plusieurs années...
Mon rôle sera justement de découvrir pourquoi cet échec. Je vais dialoguer sur le terrain, et proposer des solutions à une échéance fixée au 31 décembre prochain. Mon rôle, c’est d’ouvrir les portes. Après, l’Etat se saisira complètement du dossier, et fera ce qu’il voudra de mes propositions.

Concrètement, comment allez-vous travailler?
J’aurai dans les équipes un certain nombre de hauts fonctionnaires qui m’épauleront. Je vais mener un travail d’enquête. Je vais aller chez certains de nos voisins européens, comme l’Italie ou l’Espagne, ils ont trouvé de bonnes pistes, je tenterai de m’en inspirer. Et puis en France, 75% à 80% des adoptions concernent des enfants d’autres pays, et je pense que c’est là-bas que se logent les difficultés.

Pourquoi le Président et le Premier ministre ont-ils pensé à vous pour s’atteler à ce problème? On lit ici ou là que vous êtes concerné de près par le problème de l’adoption...
Nicolas Sarkozy m’a fait part de cette demande à la rentrée, parce qu’il sait comme beaucoup de gens que je me suis toujours intéressé à ces problématiques. J’ai moi-même dû accomplir le parcours du combattant de l’adoption, une fois il y a vingt ans, une autre fois il y a dix ans. J’ai chaque fois dû affronter deux ans de procédure, mais aujourd’hui, la situation est encore plus compliquée.

Pour quelle raison?
Au fil du temps, un certain nombre de pays, dont la France, se sont dotés de procédures propres. C’est une bonne chose, parce que cela permet de lutter contre les circuits tordus ou clandestins, où l’argent règne en maître au mépris des droits des enfants et des familles. Mais en même temps, tout cela a encore complexifié des arsenaux juridiques déjà alambiqués.

Aucun commentaire: